quintessence de l'oeuvre du pépère grincheux avec un bonne bibliographie. j'aurais envie de lire le fléau .mer
Par mariehelenegassend, le 13.01.2010
votre article donne envie de lire cette correspondance ; elle a été mise en scène et j'ai vu la pièce extrêmem
Par Anonyme, le 02.12.2009
· l'amitié George Sand - Flaubert
· Paul LÉAUTAUD, "écrivain caché"
Date de création : 29.11.2009
Dernière mise à jour :
12.01.2010
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L'amitié George SAND-FLAUBERT
La rencontre
C'est au dîner Magny du 12 février 1866 que naît véritablement l'amitié entre George Sand et Flaubert. Les dîners Magny avaient lieu dans le restaurant parisien du même nom, deux fois par mois, depuis 1862. Ils réunissaient écrivains, artistes, savants, hommes d'esprit sur sollicitation des habitués. Si Flaubert était un de ces derniers, George Sand qui avait jusque-là décliné l'invitation, s'y présente pour la première fois ce 12 février. Le soir même, elle écrit à son fils Maurice : « ...Flaubert, passionné, est plus sympathique à moi que les autres. Pourquoi ? Je ne sais pas encore. » Cette amitié, qui débute ainsi, va durer dix ans, jusqu 'à la mort de Gorge Sand.
En 1866, Flaubert et G.S. sont deux écrivains reconnus, mais leur statut littéraire est fort différent. Si l'auteur de La Mare au diable est célèbre, populaire même, elle le doit à une vitalité remarquable : une cinquantaine de romans, des pièces de théâtre jouées souvent avec succès, maints articles de revues en faveur de la république, du socialisme, de l'anticléricalisme, son action en faveur des révolutionnaires de 1848 lui ont valu l'estime de nombre de ses confrères, de Hugo à Gautier, et de la jeunesse en particulier .Auparavant, la liberté de ses moeurs et de ses amours (Musset et Chopin ne sont que deux de ses amants, les plus célèbres) lui ont valu une notoriété scandaleuse dont elle s'est moquée, même si elle en a souffert. Flaubert, lui, est apprécié dans le milieu littéraire, surtout depuis le procès de Madame Bovary (1857), mais il est loin de toucher un public aussi vaste que celui de son amie.
Deux individus totalement différents
Ce qui étonne d'abord, dans cette amitié, c'est qu'elle va se développer entre deux êtres que tout semble opposer. George Sand aime la vie, les individus , la société ; elle s'épanouit dans la nature où elle marche longuement, herborise, nage dans l'Indre glacée ; outre la littérature, elle se livre avec passion à maintes activités comme la botanique, les séances de marionnettes avec Maurice , pour lesquelles elle crée des costumes, des décors ; elle va entreprendre elle-même avec grand plaisir l'éducation de ses deux petites-filles Aurore et Gabrielle. Flaubert est misanthrope, hait la société de son temps et sa bêtise, sa corruption ; il a horreur de la nature, n'aime pas la vie , qu'il subit impatiemment. Elle est socialiste, républicaine, elle a foi en l'avenir , en l'humanité, et pense que l'instruction et la démocratie élèveront le peuple. Ce peuple, cette « canaille » , que Flaubert méprise, ainsi que ceux qui prétendent faire son bonheur. Il juge « le suffrage universel ...la honte de l'esprit humain » et que lui, Flaubert, « vaut bien 20 électeurs de Croisset ». Seul un gouvernement de « mandarins » serait acceptable. Au moins pourrait-on penser que leurs conceptions littéraires les unissent ! Au contraire, elles divergent absolument : pour G.S. écrire est un métier - elle en vit - , une occupation parmi d'autres. Elle écrit vite, pour exprimer ses idées, faire partager sa conception de la vie, former l'intelligence et la sensibilité de son public. Le style vient après ce qu'elle a à dire. Pour Flaubert, l'écriture est un sacerdoce, l'unique occupation de son existence ; loin de chercher à influencer ses lecteurs, il prône l'impersonnalité totale : l'auteur ne doit pas apparaître dans son oeuvre, il doit se contenter de décrire le monde tel qu'il est, c'est dire affreux. Seul le style, qui doit approcher la perfection, sauve l'oeuvre par sa beauté. Et cette recherche d'un style parfait coûte à Flaubert des efforts harassants, qui le laissent épuisé, encore plus pessimiste, si c'est possible. Car il lui faut parfois une journée entière pour écrire une page.
Une amitié profonde et durable
Et pourtant, très vite, après le 12 février 1866, les deux nouveaux amis vont se découvrir une affection inébranlable l'un pour l'autre. Ils se voient souvent, à Paris, où ils ont chacun un pied à terre pour le travail et les contrats d'édition ou de théâtre. Dès le mois d'août 1866, George Sand se rend à Croisset, séjour qu'elle renouvelle en novembre. A l'issue de cette dernière semaine, Flaubert lui écrit : « Je suis tout dévissé depuis votre départ. Il me semble que je ne vous ai pas vue depuis dix ans ! Mon unique sujet de conversation avec ma mère est de parler de vous. Tout le monde ici vous chérit. Sous quelle constellation êtes-vous donc née pour réunir dans votre personne des qualités si diverses, si nombreuses et si rares ! Je ne sais pas quelle espèce de sentiment je vous porte, mais j'éprouve pour vous une tendresse particulière et que je n'ai ressentie pour personne jusqu'à présent. Nous nous entendions bien, n'est ce pas ? C'était gentil. (12 novembre) . Et G.S. à Fl.: J'ai été très heureuse pendant ces huit jours auprès de vous... De loin, je peux vous dire combien je vous aime sans craindre de rabâcher. Vous êtes un des rares restés impressionnables, sincères, amoureux de l'art, pas corrompus par l'ambition, pas grisés par le succès... » (13 nov.). En août, déjà, apparaît le tutoiement chez G.S. - Fl. lui emploiera jusqu'au bout le « vous » respectueux et tendre à la fois - Les années passent, les rencontres se multiplient, à Paris surtout, à Croisset, plus rarement à Nohant, Flaubert craignant ces séjours enchanteurs qui le font rêver longtemps après, et l'empêchent de travailler. Et le 8 juin 1876 la mort emporte George Sand. Flaubert assiste à l'enterrement, où, selon sa propre expression, il « pleure comme un veau ».
Comment expliquer cette amitié ?
D'abord, ce sont tous deux des écrivains, provinciaux, ayant la même passion de la littérature
-et qu'il en aient des conceptions différentes, dont ils discutent abondamment, loin de les séparer les soude plutôt : il y a plaisir à affiner ses idées face à quelqu'un qui les combat intelligemment, mais les comprend . G.S. : « ...ça ne fait pas qu'on se change l'un l'autre, au contraire, car en général on s'obstine davantage dans son moi. Mais en s'obstinant dans son moi, on le complète, on l'explique mieux, on le développe tout à fait, et c'est pour cela que l'amitié est bonne, même en littérature, où la condition d'une valeur quelconque est d'être soi. ».
Surtout, comme l'a noté G.S. à propos de son ami, ils sont tous deux « sincères, amoureux de l'art, pas corrompus par l'ambition, pas grisés par le succès ». Le phénomène est assez rare : il n'y a entre eux ni jalousie, ni rivalité. Dans leur Journal, les Goncourt, par exemple, se délectent des compromissions, des coups bas, des intrigues de nombre de leurs confrères artistes ou écrivains pour obtenir une place, une pension, une admission dans un salon, voire une femme. Rien de tout cela chez nos deux amis. On pourrait sans doute trouver bien d'autres raisons à cette amitié . Mais peut-on expliquer un sentiment aussi fort que celui-ci ? Paraphrasons Montaigne: parce que c'était elle, parce que c'était lui.
Et le lecteur du XXIème siècle ?
Comment connaissons-nous cette amitié ? Il y a les Carnets dans lesquel G.S. résumait chacune de ses journées, précieux tableau de bord d'une existence. Puis les correspondances échangées avec les amis ou connaissances où chacun parle de l'autre ; les journaux intimes, reflet de leur époque, celui des Goncourt en particulier. Bien d'autres témoignages : articles de presse ou de revues ...Surtout, la correspondance de nos deux écrivains pendant ces dix années 1866-76 . Les lettres qui nous restent (la plupart, même si quelques-unes sont perdues, ou encore cachées), nombreuses, et très intelligemment rassemblées en un seul volume, nous permettent de suivre fidèlement une relation profondément humaine, toute de compréhension et d'affection, entre cet homme seul, misanthrope, malheureux dans sa vie et dans son siècle, mais finalement assoiffé d'amour, et cette femme qui ne renie rien de son passé agité, mais dont le coeur maternel vibre auprès de ce « gros enfant » (c'est l'expression de G.S.) grognon, plaintif, mais génial qu'est Flaubert. Cette correspondance se lit presque comme un roman, aussi facilement, non seulement par son intérêt humain, mais parce que le style en est à la fois celui de deux grands auteurs, et sans apprêt, spontané, à l'image de leurs sentiments, de leur tendresse, de leurs indignations ou de leurs joies (les premières surtout chez Flaubert, les dernières surtout chez George Sand!) . Nous avons l'impression de connaître de l'intérieur ces deux personnalités importantes du XIXème siècle, mieux qu'aucune autre peut-être, parce que ces lettres qui n'étaient certainement pas destinées à être publiées, les révèlent au jour le jour dans leur vie quotidienne. Qu'il s'agisse de débats d'idées, d'opinions, de conceptions de la vie, des rapports humains, du travail de l'écrivain, de bien d'autres sujets encore, cette correspondance donne l'impression que la communication entre deux êtres fondamentalement différents , au moins en apparence, peut être aisée, et que la vie peut en être adoucie, débarrassée de ses mesquineries, de ses jalousies. En un mot, cette correspondance redonne foi en l'homme;
CORRESPONDANCE, Gustave Flaubert-George Sand (Flammarion)
maurice.crozet43@orange.fr
Votre article donne envie de lire cette correspondance; elle a été mise en scène et j'ai vu la pièce extrêmement touchante, toute vibrante d'émotion à Paris il y a deux ans.Merci. Mh GEcrire un commentaire